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«Dallas», «Dynastie», «Les Feux de l’amour» et «Plus belle la vie» constituent un genre de feuilletons stéréotypés, intimement lié à la sphère domestique. La spécialiste des cultures médiatiques féminines analyse son histoire et sa richesse narrative dans un entretien au «Monde».
Propos recueillis parMarion Dupont
Temps de Lecture 3 min.
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Dans Du savon et des larmes. Le soap opera, une subculture féminine (Amsterdam, 250 pages, 18euros), l’historienne des médias Delphine Chedaleux, spécialiste des cultures médiatiques féminines, invite les lecteurs à prendre au sérieux ce genre déprécié en présentant une synthèse des travaux parus sur le sujet.
Que signifie exactement l’expression «soap opera»? Et quelles productions désigne-t-elle?
Le terme s’impose dans la presse américaine en1939 à la place de daytime dramatic serials. La formule est ironique: le fait d’associer un produit industriel – le savon fait référence aux entreprises de cosmétiques qui sponsorisent les feuilletons – au plus légitime des arts dramatiques crée un oxymore qui signifie d’emblée la trivialité de ces récits radiophoniques destinés aux femmes au foyer. Bien que le format ait évolué, il sert toujours à désigner un type particulier de feuilletons sans fin (ou presque), qui mettent en scène une communauté importante de personnages évoluant principalement au sein de la sphère domestique, et développent des intrigues tournant quasi exclusivement autour des relations sentimentales, familiales et interpersonnelles.
Comment le genre s’est-il constitué? Quels étaient ses objectifs premiers?
Lorsqu’ils apparaissent au tournant des années 1930, ces feuilletons radiophoniques sont conçus comme des instruments publicitaires. Sponsorisés par des fabricants de produits d’hygiène et d’entretien, tels que Procter &Gamble, ils entendent transformer l’auditrice en consommatrice, tout en la divertissant. Les premiers soap operas mettent en scène une Mère Courage, souvent veuve, qui délivre à son entourage de sages conseils moraux et pratiques, à grand renfort de produits manufacturés, dont les mérites sont vantés aux auditrices.
Vous parlez du soap comme d’une «subculture féminine». Qu’est-ce qui fait sa spécificité par rapport à des subcultures masculines?
A l’origine, cette notion s’applique à la culture «midinette», chère aux adolescentes. On la doit aux universitaires Angela McRobbie et Jenny Garber, qui entendent visibiliser les filles au sein d’un champ de la sociologie britannique – les cultural studies – où le concept de subculture sert à désigner les cultures urbaines des jeunes hommes de la classe ouvrière britannique, envisagées comme des formes de résistance esthétique et morale à la domination sociale. En apparence moins créatives et plus directement façonnées par les industries culturelles, les subcultures féminines permettent aux femmes et aux jeunes filles de créer des espaces de liberté et d’expressivité qui, parce qu’ils sont circonscrits à la sphère domestique, sont compatibles avec les assignations qui pèsent spécifiquement sur elles. Les enquêtes menées auprès de spectatrices dans les années 1980 ont montré que la culture orale et les sociabilités féminines auxquelles le soap a donné lieu ont pu constituer une source d’autonomie culturelle et affective. Voire un levier de prise de conscience de soi hors de portée du regard et du contrôle masculins.
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